Inquiétante, cette étrangeté !
Le Principal Rondeau ne nous en avait rien dit. Il semblait qu'on ne lui en avait pas soufflé mot non plus. Tout juste avait-il rêvé quelque chose là-dessus. Et Balafon disposait de 24 heures pour libérer son bureau. À la S.E.T. (1), cela s'était passé insidieusement... le moins que l'on puisse dire. Il avait d'abord été question de muter Balafon au B.I.S.C. (2), un placard. Ces choses-là arrivaient sans crier gare, résultat de jeu de Go, de Majong, de Stratégie des Altitudes. On dit que le patron de l'Harmonium (3) avait reçu des ordres d'En Haut en ce sens. Mais le Principal Rondeau ne l'entendait certainement pas de cette oreille. Il avait laissé éclater sa mauvaise humeur. Tout le monde s'était planqué dans les tiroirs un moment, le temps qu'il fasse valoir à qui de droit que l'inspecteur Balafon était un agent exceptionnel, efficace, passe-muraille, qui n'avait pas son pareil pour sauter du blond au crépu en un clin d'oeil. Alors on transigea pour une promotion.
C'est ainsi qu'il se retrouva le bras droit du Principal lui-même, à la tête du D.D.R. (4) Il n'empêche qu'il n'avait plus que 12 heures pour vider son bureau, le 4.7.4.7.3.4. Si Rondeau avait défendu Balafon avec cette vigueur, c'est qu'il avait quelque chose derrière la tête. S'en servir comme bouclier dans les guerres sans merci internes à l'Harmonium?
Le quatre sept quatre sept trois quatre libéré, on ne l'attribua à personne. Pourtant l'aménagement avançait dare dare.
- Le bureau s'équipe tout seul?
- Pas exactement.
- Quand verra-t-on le nouveau nommé?
- Sais pas.
Ces dialogues laconiques entre Rondeau et Balafon illustraient bien la situation. D'abord, on ne savait même pas si ce bureau existait encore et, à fortiori, qui l'équipait et pourquoi.
Lire la suite
|