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L'œil de la nuque
Juste avant - Le premier regard de l'autre
Remonter à l'origine de son propre big-bang, est-ce raisonnable ? Le coït créateur ? Avant ? ! Cela n’a pas de sens, monsieur. Vous y étiez moins morcelé qu’Osiris, certes, mais tout de même en deux fragments très séparés, encore tout à fait inexistants peu de temps auparavant, et dont la réunion très problématique s’avérait hasardeuse. Alors d’où venez-vous, d’où venez-vous donc ? Non, il vaut mieux vous contenter d’une fécondation comme temps zéro.
Rouge, machinal, cyclopéen, central et froid comme celui de l'ordinateur de l'Odyssée de l'espace, cet œil-là lisait sur les lèvres, à coups sûrs et même peut-être bien directement dans les neurones.
Il s'approcha pourtant. Au fur et à mesure qu'il s'en approchait, l'œil s'humanisait, s'amollissait, s'humidifiait. Il n'eut aucun mal à y pénétrer. Il s'y sentit très bien, au calme, au chaud. Il se recroquevilla un moment. Puis le désir le prit d'aller encore un peu plus profond, plus près des origines.
Il se glissait facilement dans cette viscosité tiédasse et accueillante, quand au détour d'une sinuosité, alors qu'il se sentait atteindre au plus secret de la rétine, il vit un fœtus qui le regardait d'un œil réprobateur.
Le cosmonaute
Le cosmonaute dans son vaisseau en impesanteur se tenait les genoux.
Tous les journaux, livres, vidéos, films, télévisions, CD Rom, DVD affichaient des cosmonautes recroquevillés dans leurs capsules comme foetus en utérus. Planant en impesanteur comme en liquide amniotique. La plus plate des banalités présenterait des fractales étourdissantes de complexité, à côté de cette comparaison qui dégoulinait partout et sans arrêt.
On le lui avait tellement et tellement répété que le cosmonaute rigolait en se tenant les genoux. Il essayait d'imaginer le rire du foetus.
Le vaisseau spatial traversa le froid du ciel noir sans encombre, sans histoire. La routine. On somnolait au centre de contrôle.
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